Dans son exécution, chaque tâche apporte son lot de complexité et donc, de réflexion. Même la plus simple d’entre elles, comme se brosser les dents, un geste qui semble somme toute anodin fait en réalité intervenir plusieurs acteurs qui interagissent entre eux jusqu’à ce que la tâche soit accomplie. Seulement, au bout d’un certain temps, on finit par s’habituer si bien que l’exécution se fait sans que l’on ait besoin d’y réfléchir.
Cet automatisme fait défaut à la plupart des enfants DYS. Selon le trouble dont ils souffrent, malgré des exercices répétés, la tâche à exécuter sera toujours perçue comme la première fois, c’est-à-dire comme un ensemble d’étapes qu’il faut accomplir une à une. L’habitude ne s’installera jamais si bien que même les gestes le plus anodins comme se brosser les dents ou écrire deviendront très fatigants. On parle alors de surcharge cognitive…
Surcharge cognitive : comment et pourquoi?
Lorsque l’on doit exécuter une tâche, les informations nécessaires à son accomplissement sont reçues et traitées par le cerveau. Les éléments les plus importants seront, par la suite, retenus dans la mémoire à long terme pour une éventuelle utilisation future. Mais les choses ne se passent pas toujours ainsi.
Notre mémoire de travail ne peut gérer que 3 ou 4 informations simultanément. Lorsqu’elle en reçoit plusieurs à la fois, le cerveau est submergé par le flux de renseignements qu’il reçoit, la charge cognitive est alors trop importante pour qu’ils soient traités efficacement : cela aboutit presque toujours par l’échec de la tâche et par une mémorisation déficiente dans la mémoire à long terme.
Il y a donc surcharge cognitive lorsque le cerveau est amené à exécuter deux tâches au même moment comme répondre au téléphone au volant, manger en travaillant, faire ses devoirs en regardant la télé, etc. Le résultat est presque le même : soit l’une des tâches est lésée au profit de l’autre, soit il y a retard de traitements. Dans ce dernier cas, les conséquentes peuvent être non-négligeables : une mauvaise concentration sur la route et donc, risque élevé d’accidents.
Surcharge cognitive et troubles DYS : quel est le lien ?
Plusieurs études ont démontré la relation évidente entre la scolarité de l’enfant et sa capacité de mémoire de travail. Il semblerait effectivement qu’une faible mémoire de travail avait des répercussions importantes dans l’apprentissage de l’écriture, de la lecture et de la numérotation qui, dans leur exécution, nécessitent le traitement de plusieurs informations à la fois.
Un enfant ayant une mémoire de travail défaillante aura des difficultés à retenir les informations importantes utiles dans la réalisation d’une tâche. Chez un dysorthographique par exemple, l’enfant sera tellement absorbé par la manière dont il devra écrire un mot qu’il ne pourra pas prendre en compte les autres facteurs comme l’écoute de l’enseignant ou la compréhension de ce qu’il est en train d’écrire.
S’il se force à prendre en considération toutes les données qui forment la tâche à effectuer, c’est-à-dire non seulement l’orthographe, mais également le geste, l’écoute et la compréhension, la surcharge cognitive qui en découlerait le fatiguerait non seulement sur le plan mental, mais cela a également des répercussions physiques.
Surcharge cognitive : exemple concret chez un enfant dysgraphique
Si l’acte d’écrire se fait automatiquement au bout d’un certain temps et d’un certain âge, chez un enfant dysgraphique, les choses ne sont pas si faciles. Car chez lui, le fait d’écrire ne constitue pas une seule tâche, mais plusieurs tâches à faire simultanément d’où la surcharge cognitive.
- L’écriture manuelle peut alors être décortiquée comme suit :
- La compréhension des consignes
- La mémorisation des consignes
- La vérification de la bonne tenue du stylo
- La mémorisation des formes de chaque lettre et de la manière dont elles doivent être tournées
- La vérification que chaque lettre est écrite comme elle devrait l’être
- Etc.
Les choses s’empirent dans le cas d’une dictée, car en plus de cette vigilance permanente, et le fait qu’il doit certainement procéder à quelques corrections en cours de route, il doit également faire en sorte de bien suivre ce que l’enseignant énonce afin de ne pas perdre le fil.
Autrement dit, il fournira dix fois plus d’efforts qu’un enfant normal, car si l’on pense lui donner une seule tâche, on lui en donne au moins deux ou trois dans sa réalité.
Les conséquences d’une surcharge cognitive
Vous l’aurez sans doute déjà compris, la surcharge cognitive due à l’acte d’écrire est loin d’être facile. Même nous, adultes, pouvons facilement nous éreinter lorsque nous nous retrouver à gérer plusieurs choses à la fois. Imaginez donc ce qu’un enfant DYS peut ressentir le soir, lorsqu’il rentre d’une journée entière après l’école ! Pendant lequel il a certainement été amené à écrire, à lire, à calculer, etc.
En imposant l’écriture manuelle à un enfant dysgraphique ou dysorthographique ainsi, ou la lecture à un enfant dyslexique sans prendre les mesures nécessaires et adéquates, on ne fait que renforcer l’échec d’apprentissage dans lequel ces enfants se trouvent déjà.
Pourquoi ? La surcharge cognitive ralentit, dans un premier temps, le travail du cerveau. Plus les données à traiter seront nombreuses, plus le cerveau va ralentir son traitement et retarder la prise de décision. Résultat : le cerveau marche à cent à l’heure, et ce, sans le moindre répit tout au long de la journée. Cela va sans dire, il va subséquemment consommer beaucoup d’énergie ce qui va entraîner une fatigue physique dans le court terme, une fatigue intellectuelle sur le long terme et épuisement total des deux côtés au final.
Comment déceler une surcharge cognitive chez votre enfant ?
L’extrême fatigue dont fait preuve l’enfant après une journée passée à l’école est le signe avant-coureur d’une surcharge cognitive évidente. Pour être fixé, vous pouvez lui faire faire un petit test :
- Prenez la dictée d’un autre élève ;
- Dites-lui de trouver les fautes qui s’y trouvent.
S’il fait moins d’erreurs que dans sa propre dictée, il est possible que ce soit l’acte d’écrire qui le handicape.