Le trouble déficitaire de l’attention a longtemps été un sujet à controverse. Récemment reconnu comme un trouble à part entière, quoique complexe, aujourd’hui encore, ce trouble fait l’objet d’un grand nombre de préjugés. Voici 10 idées reçues sur le TDAH !
« Le TDAH n’existe pas ! »
On entend dire souvent que le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité est un mythe, une légende, un prétexte pour excuser la mauvaise éducation d’enfants impolis et mal-aimés. Ce qui est faux !
Le TDAH est reconnu par la DSM depuis une trentaine d’années maintenant, et son existence a été prouvée par des imageries cérébrales qui ont mis en évidence une différence notable entre le fonctionnement, la structure et la chimie du cerveau des enfants hyperactifs par rapport à celui des enfants « normaux ».
« Le TDAH, un trouble moderne ! »
Aujourd’hui, le trouble déficitaire de l’attention est considéré par certains spécialistes comme « un syndrome moderne », créé de toutes pièces par la société et son mode de vie actuel. Ce qui est faux ! En 1897, le célèbre neurologue français Désiré-Magloire Bourneville évoquait déjà ce trouble en ces termes :
« La mobilité de ces enfants est exubérante, ils ne restent en place nulle part… Ils manquent d’harmonie entre l’impulsivité et les inhibitions. »
Par ailleurs, si l’on se réfère aux statistiques récentes, le nombre de cas diagnostiqué aujourd’hui est quasiment resté le même qu’il y a une dizaine ou une vingtaine d’années. Preuve que notre mode de vie actuel n’a aucune influence sur l’apparition du TDAH. En revanche, qu’il ait un impact sur la sévérité des symptômes, cela n’est pas exclu.
« Si l’enfant n’est pas agité et turbulent, ce n’est pas un TDAH »
Le terme « hyperactivité » prête à confusion et n’est, en réalité, pas sémantiquement approprié pour définir le trouble en entier. L’hyperactivité n’est effectivement qu’une composante symptomatologique du TDAH au même titre que l’inattention et l’impulsivité. Et ces trois symptômes ne sont pas forcément présents de manière simultanée chez le sujet. S’ils sont tous présents, ils se manifestent d’ailleurs à des degrés variés. D’où justement la nouvelle appellation « Trouble déficitaire de l’attention AVEC ou SANS hyperactivité ».
On peut donc distinguer trois formes cliniques de TDAH :
- Le TDA avec hyperactivité et impulsivité ;
- Le TDA sans hyperactivité ;
- Le TDA avec hyperactivité.
« Si l’enfant peut se concentrer sur quelque chose, il n’est pas hyperactif »
Pourquoi cet enfant diagnostiqué « hyperactif » et qui effectivement n’arrive jamais à bout de ses devoirs, soit capable de jouer à des jeux vidéos pendant de longues heures ? Cette question revient souvent et pourtant, la réponse est simple.
L’attention est généralement une question de motivation : écouter la maîtresse, obéir aux parents… tout cela demande une volonté accrue, neurologiquement difficile pour l’enfant TDAH. Voilà pourquoi, chez lui, on utilise la stimulation d’où la mise en place des systèmes de récompense justement.
Or, avec les jeux vidéo, c’est exactement la même chose ! Il relève des défis, chaque réussite est primée par le passage à un niveau supérieur… La récompense qui le stimule est souvent quasi-immédiate ce qui est rare dans la vie réelle. La passion pour une chose ainsi que la peur de perdre quelque chose ont le même effet stimulant chez l’enfant souffrant de trouble déficitaire de l’attention.
« Les hyperactifs sont des enfants rebelles et mal éduqués »
Chers parents, il est inutile de vous culpabiliser davantage, car l’hyperactivité de votre enfant n’a rien à voir avec la manière dont vous l’avez éduqué et bien moins les circonstances dans lesquelles il a grandi. Il est maintenant établi que le TDAH n’est pas dû à une cause psychologique : il n’est donc pas ce qu’il est parce que vous ne l’avez pas suffisamment aimé ou entouré d’attentions, ou parce que vous n’avez pas été sévère avec lui.
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité est relié à cause biologique, neurologique plus précisément, car les études l’associent aujourd’hui à une déficience cérébrale relative à l’activation d’un neurotransmetteur : la dopamine.
« Les enfants hyperactifs sont paresseux et immatures ! »
Non, non et non ! Notez bien que l’hyperactivité (TDAH) n’est pas une faute, et certainement pas la faute de l’enfant concerné. Il voudrait bien, lui aussi, avoir de bonnes notes à l’école, faire la fierté de ses parents, faire plaisir à ses enseignants, arriver à terminer ses devoirs, réciter ses leçons par cœur… Ce n’est pas faute d’essayer et donc pas un manque de volonté, mais une question d’incapacité !
L’enfant souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention est handicapé par ses symptômes : l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité. Il ne fait pas exprès de passer d’une tâche à une autre sans jamais les achever, cela est dû à son incapacité à se concentrer et non pas à une éventuelle paresse de sa part.
« Difficultés scolaires = TDAH »
Non, pas forcément. Certes, le trouble déficitaire de l’attention a des impacts importants sur la scolarité de l’enfant. D’ailleurs, c’est à partir des difficultés d’apprentissage de l’élève que les soupçons commencent à émerger. Néanmoins, ce seul paramètre ne permet pas de diagnostiquer et de confirmer la présence du TDAH.
On ne peut parler de TDAH que lorsque les symptômes de ce trouble ont des conséquences sur la vie en général de la personne concernée : scolaire dans un premier temps, mais également sociale, car son impulsivité peut avoir des conséquences graves sur sa vie et celle de son entourage. Les études ont montré que le TDAH augmentait de manière significative les risques de tabagisme, de toxicomanie, mais aussi d’accidents graves. Et on ne peut pas non plus ignorer la dimension émotionnelle que revêt ce syndrome.
« Hyperagitation = TDAH »
Non, ce n’est pas obligatoire ! Un enfant hyperactif n’est pas forcément agité, et l’inverse est également valable : un enfant hyper agité n’est pas forcément hyperactif. Il peut tout simplement s’agir d’un enfant turbulent or la turbulence est souvent le fruit d’un stimulant extérieur : changement d’école, séparation des parents, l’arrivée d’un autre enfant dans la famille…
L’hyperactivité d’un enfant souffrant de trouble déficitaire de l’attention ne peut être provoquée, mais exacerbée par un facteur extérieur. Autrement dit, en l’absence de ce stimulant, les symptômes persistent quand même au-delà de 6 mois.
« Les médicaments sont obligatoires pour traiter le TDAH »
Premièrement, les médicaments ne traitent pas le TDAH à proprement parler, car il n’est pas possible, jusqu’ici, de guérir d’un trouble déficitaire de l’attention. Les traitements médicaux proposés ont une unique visée : soulager les symptômes pour améliorer le fonctionnement et la qualité de vie de l’enfant hyperactif.
Sont-ils obligatoires ? La réponse est non ! La médication intègre l’approche multimodale visant à traiter le trouble du déficit de l’attention, mais elle n’est indiquée que dans les cas les plus graves, uniquement lorsque les symptômes se manifestent de manière sévère et handicapent l’enfant dans son quotidien. Dans le cas contraire, l’aménagement de son environnement (familial et scolaire), la psychoéducation, l’adoption d’une hygiène de vie ainsi que d’une alimentation saine et équilibrée suffisent généralement pour contrôler les symptômes.
« Les médicaments pour traiter le TDAH provoquent une dépendance »
Il est certes vrai que la plupart des médicaments utilisés pour soulager les symptômes du TDAH sont à base d’amphétamines, un stupéfiant. Néanmoins, les études ont prouvé qu’ils ne provoquant aucune dépendance et contrairement aux idées reçues, n’augmentaient pas les risques de toxicomanie.
La preuve ? Ces médicaments sont généralement prescrits pour un traitement sur le long terme. Or, les expériences ont montré qu’ils ne provoquent aucun symptôme de sevrage et de manque à l’arrêt. Or pour certains d’entre eux, une interruption du traitement est possible pendant les périodes non scolaires.
D’autres études ont, par ailleurs, prouvé que les enfants souffrant de trouble déficitaire de l’attention, mais qui n’ont pas été traités ont plus de risques de devenir toxicomanes et d’avoir des problèmes avec la justice.