La dyslexie, la dysorthographie et la dysgraphie sont des troubles du langage écrit qui sont, traditionnellement, repérés par l’entourage familial et/ou scolaire. Si la pose du diagnostic est essentielle pour ne pas se sentir seul(e), ces handicaps invisibles réclament soutien et mesures de compensation des désavantages pour pouvoir avancer et envisager un avenir professionnel. Une meilleure compréhension des difficultés, appelée de tout son cœur, par Philip Vuitel, 15 ans, dyslexique et dysorthographique.
La corrélation dyslexie et dysorthographie
La confusion et les inversions de sons et de lettres, les problèmes de mémorisation sont autant de manifestations d’une dyslexie. En compensation, les enfants dyslexiques sont naturellement plus à l’aise à l’oral qu’à écrit, préférant les mathématiques au français…
À cause de leurs difficultés, la dysorthographie apparaît presque irrémédiablement : ils peinent à transcrire des mots qui se prononcent de manière identique, mais s’écrivent différemment, ils font des confusions de nombre et de genre, ainsi que des erreurs de syntaxe.
Autrement dit, la dysorthographie est la conséquence de la dyslexie : lorsqu’un enfant éprouve des difficultés à reconnaître ou à comprendre les mots qu’il voit, il peine à les retenir et à les écrire… Ces troubles ne viennent pas d’un manque de volonté, mais bien d’un handicap…
Le parcours chaotique de Philip Vuitel, 15 ans
Philip Vuitel est à la fois dyslexique et dysorthographique. Aujourd’hui, il a 15 ans et témoigne des difficultés rencontrées tout au long de son parcours scolaire, jalonné de mauvaises notes et de ratures qui ne reflètent pourtant pas ses capacités intellectuelles à comprendre les cours.
« Dans ma tête, c’est un peu comme une roulette de bingo qui tourne et qui s’arrête sur une orthographe au hasard. Eau, au, o. Dans un texte où il y a plusieurs fois le même mot, je ne remarque pas toujours que je l’écris différemment », explique Philip[1].
Avec une orthographe totalement arbitraire, les enfants DYS ont tendance à s’orienter vers une formation professionnelle, se contentant d’une écriture phonétique. Il existe pourtant des mesures de compensation à mettre en place pour leur permettre de choisir leur métier. Par exemple, Philip a eu très tôt le droit d’avoir un ordinateur, avec des logiciels comme Lexibar, Antidote ou la dictée vocale, qui lui permettaient de moins se fatiguer et se décourager face à l’écrit.
Quel avenir professionnel pour un enfant DYS ?
Malgré ces dispositifs, Philip est parfaitement conscient que sa dyslexie et sa dysorthographie lui ferment des portes. Pour Mathilde Goumaz, directrice du programme Dys chez Proactif, « les jeunes en souffrent, alors qu’on pourrait faire autrement. Ils sont capables de faire autre chose que ce à quoi ils sont cantonnés à faire à cause de l’école.»1
Avec une meilleure compréhension de ces handicaps invisibles, « il est possible d’apprendre à maîtriser des outils et un lexique qui suffisent pour faire des études supérieures » souligne-t-elle encore1.
Le soutien est le maître mot de l’épanouissement d’un enfant DYS – que ce soit celui de professionnels spécialisés (ergothérapeute, orthophoniste, psychologue…), des enseignants et/ou des parents.
[1] Citation : https://www.laliberte.ch/news/magazine/page-jeunes/invisible-dysorthographie-684730