Le Trouble déficitaire de l’attention, qu’il soit avec ou sans hyperactivité, est un trouble complexe qui nécessite une prise en charge multimodale impliquant une bonne hygiène de vie, une approche psychoéducative et psychothérapeutique, la mise en place d’une stratégie d’adaptation et finalement, la prise de médications adaptées.
Les spécialistes peuvent effectivement prescrire des médicaments pour traiter le TDAH. Cette pratique, étudiée en profondeur, est maintenant utilisée depuis plus de quarante ans et s’avère vraiment efficace. Dans les deux tiers des cas, la prise de médication spécifique au TDAH améliore de manière significative la vie quotidienne de l’enfant hyperactif dans sa globalité : comportement, scolarité, etc.
Le rôle des médicaments pour TDAH : pourquoi ?
Se traduisant par de grandes difficultés à maitriser attention, émotion, geste et comportement, il est bon de rappeler que le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité est avant tout un trouble neurologique. Lorsqu’il en vient à handicaper sa victime, la régulation de ou des substances chimiques cérébrales provoquant ses symptômes devient nécessaire, d’où la prise de médicaments.
Le médicament pour TDAH a donc pour rôle global de booster la dopamine et/ou la noradrénaline, neurotransmetteurs jouant un rôle important dans la cognition, l’humeur et l’attention d’une personne. Il permet de réduire les symptômes du trouble en vue d’améliorer le fonctionnement du cerveau et subséquemment, de permettre à l’enfant d’accéder à tout son potentiel.
Les médicaments pour TDAH ne permettent donc pas de le traiter en vue de le guérir. En réalité, les médicaments prescrits dans le cadre d’un trouble de l’attention sont utilisés à des fins de « correction ». Tout comme une paire de lunettes que l’on utilise pour corriger la vue, ces médications sont prescrites pour corriger le manque d’attention, l’agitation, l’impulsivité et l’hypersensibilité. Plus concrètement, ils vont agir sur le cerveau pour :
- Améliorer la concentration ;
- Réguler et gérer les émotions ;
- Renforcer l’attention apportée à chaque tâche ;
- Renforcer l’autocontrôle et la maitrise des gestes et du comportement.
Quel médicament pour TDAH choisir ?
Le choix de la médication dépend de plusieurs facteurs : la sévérité des symptômes, les conséquences du trouble sur la qualité de vie du patient, les effets attendus… Cette tâche revient donc au médecin spécialiste qui va prescrire les médicaments au cas par cas. Selon le profil du patient, il peut prescrire trois types de traitement :
- Les psychostimulants à base de méthylphénidate ;
- Les psychostimulants à base d’amphétamines ;
- Les non-psychostimulants.
À noter que les psychostimulants sont autorisés, car scientifiquement prouvés comme très efficace dans l’allègement des symptômes du TDAH. À dose thérapeutique, l’amélioration de la concentration et de l’attention est notable quelques heures seulement après la prise.
Les psychostimulants à base de méthylphénidate
Les stimulants à base de méthylphénidate n’influent pas sur la production de la dopamine : ils ne l’augmentent pas, mais ne l’inhibent pas non plus. Le rôle de cette substance psychostimulante est en réalité de « corriger » les effets de la dopamine sur le cortex. Son but est d’éveiller ce dernier et subséquemment de favoriser les capacités d’attention de l’enfant. Parmi les médicaments à base de méthylphénidate les plus connus, on peut citer :
· Le Ritalin : sur le marché depuis les années 60, les avis sur ce médicament sont controversés raison pour laquelle il est rarement prescrit à ce jour. Ses effets sont également assez limités, car s’estompent trois heures environ après la prise.
· Le Concerta : se présentant sous la forme de pilule insoluble, c’est le premier médicament pour TDAH longue durée. Ses effets peuvent durer jusqu’à 8 heures ce qui le rend idéal pour les activités cognitives soutenues. Le hic c’est que des études ont prouvé qu’il était beaucoup plus efficace en début d’après-midi, heure à laquelle sa prise est recommandée, que dans la matinée pendant laquelle est pourtant donné l’essentiel des apprentissages en classe.
· Le Biphentin : il s’agit également d’une médication de longue durée. Ses effets ne s’estompent que 8, voire 10 heures après la prise, mais à l’instar du Concerta, celui-ci peut être pris le matin. Autre avantage, ce médicament se présente sous la forme de capsule contenant des granules facilement dissolubles dans l’eau ou autre aliment liquide (jus, compote, yogourt…).
Les psychostimulants à base d’amphétamines
Plusieurs études scientifiques ont permis de prouver l’efficacité des amphétamines, en particulier à sels mixtes, dans la réduction des symptômes du TDAH. En raison des effets indésirables qu’ils peuvent provoquer néanmoins, les psychostimulants à base d’amphétamines ne sont généralement prescrits que lorsque l’on n’obtient pas de résultats probants avec ceux à base de méthylphénidate. Parmi les stimulants dérivés de cette substance, on peut citer :
· L’Adderall : médicament longue durée dont les effets peuvent tenir jusqu’à 12 heures.
· Le Vyvanse : médicament très longue durée, dont les effets peuvent tenir jusqu’à plus de 14 heures. Il est surtout prescrit aux adolescents et aux adultes.
· La dexamphétamine : délivré sous la forme de capsule à libération prolongée, ce médicament a pour rôle de stimuler le cerveau pour maintenir l’éveil. Selon la dose prescrite et prise, son effet peut varier entre 10 à 12 heures.
Les médicaments non stimulants
Les médicaments non stimulants ont pour rôle principal de corriger les effets de la noradrénaline dans le cerveau. Pour rappel, ce neurotransmetteur joue un rôle essentiel dans le processus d’apprentissage (et donc de concentration), de mémorisation (et donc d’attention) et de vigilance (et donc d’éveil). Parmi les médicaments non stimulants utilisés pour traiter le TDAH, on peut citer :
· La Strattera : souvent prescrit en remplacement aux psychostimulants lorsque les effets secondaires de ces derniers sont mal supportés par le patient, ce médicament agit pendant 24 heures d’affilée, après un délai de réponse de 2 à 4 semaines. En plus de booster l’attention, il peut également réduire l’anxiété et avantage indéniable, sa prise peut être interrompue pendant les périodes non scolaires (week-end, vacances, etc.)
· L’Atomoxétine : non-stimulant le plus connu, ce médicament est recommandé au patient ayant besoin d’une attention soutenue. Après une durée de réponse de deux semaines environ en effet, l’Atomoxétine inhibe la recapture de la norépinephrine ce qui permet d’améliorer l’attention pendant près de 24 heures.
· L’Intuniv : conçu à la base pour traiter l’hypertension, ce nouveau médicament peut être utilisé aussi bien en appoint qu’en traitement principal du TDAH. Médicament en deuxième intention après les psychostimulants, avec effet longue durée de 24 heures (donc une seule prise par jour), il s’adresse surtout aux enfants hyperactifs de 6 à 12 ans.
Médicament pour TDAH : quelle dose et à quelle fréquence ?
Seul le médecin spécialiste pourra définir, à partir des réponses cliniques obtenues au bout de quelques jours et de quelques semaines après le début du traitement, de la dose qui convient au patient. Là encore, il agira au cas par cas, car une dose prescrite à l’un peut être trop élevée ou pas efficace pour l’autre.
La dose est à ajuster de manière progressive. Au début du traitement, le médecin prescrira la dose la plus faible possible et augmentera la posologie jusqu’à l’obtention de la dose minimale apportant la réponse clinique maximale. Le choix de la posologie finale doit également tenir en compte le nombre d’effets indésirables provoqués par le médicament et leur degré de sévérité.
Qu’en est-il de la durée du traitement ?
La durée du traitement va dépendre du médicament et du profil du patient. Selon la gravité des symptômes, certains médicaments doivent être pris de manière régulière et quotidiennement sans aucune interruption. D’autres en revanche, en particulier les non-stimulants, peuvent être arrêtés pendant les périodes où les activités cognitives sont rares : pendant les weekends, pendant les vacances, etc.
Il est rare qu’un médicament pour TDAH soit pris à vie, mais ce n’est pas exclu. Si les symptômes persistent jusqu’à l’âge adulte et perturbent le fonctionnement du patient, le traitement peut et doit continuer. Dans tous les cas, il convient toujours de s’en tenir à l’avis du médecin traitant !