Dix ans après la loi prônant l’école inclusive, le site d’information officiel, pour les personnes en situation de handicap et leurs aidants, relève une augmentation du budget dédié à ces questions, de 200 millions d’euros, opérée à la rentrée 2022, soit une hausse de 66 % par rapport à 2017. Pourtant, malgré cette manne, seuls 20 % des élèves autistes ont bénéficié d’une solution adaptée à la rentrée 2023. Un chiffre qui témoigne du formidable écart, entre les options proposées et les besoins sur le terrain.
Le déploiement de l’école inclusive
En France, l’école pour tous, repose sur deux grands textes fondateurs :
- La loi du 11 février 2005 pose les principes de l’accessibilité (accès à tout et pour tout le monde) et de la compensation du handicap (mesures individuelles pour rétablir l’égalité des droits et des chances) ;
- La loi du 8 juillet 2013 assoit les principes de l’école inclusive, avec une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des élèves en situation de handicap.
Dans cet esprit, le budget alloué à ces dispositions n’a cessé d’augmenter, afin de soutenir l’accueil de ces élèves (via un projet personnalisé de scolarisation PPS ou un parcours spécifique, aide matérielle), mais aussi de leurs accompagnants (comme les AESH). Concrètement, le nombre d’Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap a connu une augmentation de 42 %, depuis 2017, pour atteindre 132 000.
La réalité du terrain pour les élèves autistes
Malgré ces beaux chiffres officiels, la réalité du terrain est tout autre, comme en témoigne André Masin, le président de l’association AFG Austime, qui précise que 80 % des élèves autistes étaient sans solution adaptée à la rentrée 2023. D’une manière générale, « seuls les cas les plus légers bénéficient d’une scolarisation dite « ordinaire »… au bon vouloir des écoles et des éventuels AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) recrutés, des postes difficiles à honorer malgré les offres d’emploi. ».
Les élèves autistes peuvent bénéficier de quelques dispositifs intéressants, mais, définitivement trop peu nombreux, à l’image des Ulis (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire), des UEMA (Unités d’Enseignement Maternelle Autisme), des UEEA (Unités d’Enseignement Elémentaire Autisme). Chaque année, la situation se complique encore davantage. Au-delà de ces dispositifs, il existe des Instituts Médico-Educatifs (IME), mais, là encore, ils sont trop rares et la liste d’attente s’étire sur plusieurs années, sans avoir l’assurance d’y parvenir un jour.
Malgré l’ouverture de 37 UEMA et de 44 UEEA, se traduisant par la création de 110 nouvelles classes, permettant l’accès à 1000 élèves atteints de TSA, TDAH ou DYS, l’effort est loin d’être suffisant : pour rappel, « les personnes autistes représentent environ 1 % de la population, les « dys » 17 % », souligne André Masin. « Quand on est directement concerné, avec un enfant autiste, comment parler du futur dans ces conditions ? Comment changer la donne, sans les moyens à la hauteur des besoins, que nos gouvernants refusent, par ailleurs, de quantifier officiellement ? »